Franck Krawczyk
Compositeur et conférencier (« Les Enjeux »)
Compositeur et pianiste né en 1969, enseigne la musique de chambre au CNSMD de Lyon.
Après une formation complète, Franck Krawczyk reçoit à vingt ans sa première commande du Festival d’automne à Paris (Quasi una sonata, piano/1989). Il écrit de nombreuses pièces pour instruments solistes et ensembles de chambre jouées dans les festivals aussi bien en France qu’à l’étranger. Sa première œuvre pour orchestre, commande de Radio-France, (Ruines/2000), reçoit le Prix Hervé Dugardin et de la SACEM. Il reçoit le Grand Prix Radio-Classique comme compositeur en 2001.
Le New York Philharmonic lui commande une œuvre en hommage à Henri Dutilleux (Après/2016). Son premier opéra, commande de l’Opéra Comique, est créé dans le parking du Centre Pompidou (Fosse /2020).
Dialogue avec d’autres arts
Son souci constant d’ouvrir et de partager le répertoire dont il est construit, le conduit très vite à nourrir un dialogue avec d’autres arts :
L’art plastique : avec Christian Boltanski et Jean Kalman. Ils conçoivent une quinzaine d’œuvres en France et à l’étranger, dans des lieux d’art contemporain aussi bien que dans des maisons d’opéras. Les spectateurs sont en errance dans l’œuvre et non devant, il n’y a pas de début pas de fin. O Mensch ! (Dijon 2001- Paris 2003), Tétralogie Pleins Jours (Théâtre du Châtelet 2004-2005), Tant que nous sommes vivants (Reggio Emilia 2005 et 2012, Varsovie 2007), Polvere (Grand Palais/Monumenta 2010 – reprise à New York-Armory et Milan- Hangar Bicocca), Pleine Nuit (Opéra Comique en travaux 2016).
Le théâtre : avec Peter Brook et Marie-Hélène Estienne. Ils montent trois spectacles Love is my sin (2009), Une Flûte enchantée d’après Mozart (2010) puis The Suit (2012) (créés au Théâtre des Bouffes du Nord puis en tournée internationale). La danse : avec Emio Greco et Pieter C. Scholten. Ils s’emparent de la Passion selon St-Matthieu de J.S. Bach et en proposent différentes variations : Purgatorio/In Visione (2008), pour danseur, orchestre à cordes et solistes vents, (Amsterdam puis tournée), Passione in due (2012 et 2013, tournée européenne) pour un danseur solo et piano, puis Passione (2017, Ballet National de Marseille et tournée européenne). Leur dernière collaboration, Apparition (2018) est une version des Kindertotenlieder de G. Mahler pour piano, chœur d’enfants et 7 danseurs (Marseille puis tournée européenne).
Transmission, transcription, médiation
Ces collaborations modifient profondément son rapport aux codes du concert. Ainsi, compositeur en résidence au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Scène nationale de 2011 à 2013, il présente avec Plein Jour à la fois des projets de création très contrastés et mène de nombreuses missions d’actions culturelles auprès des scolaires et des milieux associatifs. Ce rapport direct de l’interprète avec son public influe aussi sur sa pratique d’enseignant. Professeur de musique de chambre au CNSMD de Lyon où il enseigne depuis 1996, il initie en tant que directeur de département (2012-2017) un Master de
musique de chambre et y fait inscrire un projet de médiation culturelle afin que les futurs musiciens professionnels pensent aussi la musique hors des lieux de concert. Chaque étudiant doit désormais construire un projet qui lui donne l’occasion d’un partage avec un public à conquérir : prisons, hôpitaux, établissements scolaires défavorisés.
Ce double engagement (composition et transmission) lui donne envie d’écrire une pièce pour le jeune public, Rejouer, créée en novembre 2013, en tournée dans la France entière. Il prolonge l’expérience avec la série intitulée « La mélodie des choses » invitant le public de l’Opéra Comique à un dialogue musical construit à partir des objets proposés par les spectateurs, autour du piano.
Avec Plein Jour accompagné depuis 2015 par Mécénat Musical Société Générale, il engage un dialogue avec des personnes en difficulté d’expression : enfants accueillis en hôpital de jour, réfugiés politiques, jeunes déscolarisés et primo-arrivants… Puis ils initient, en partenariat avec le Théâtre des Bouffes du Nord, la série « l’Opéra c’est vous » qui invite chacun à prendre la parole à travers une œuvre du répertoire lyrique. Cette appropriation aboutit à la présentation au Théâtre d’une création riche des
imaginaires multiples.
Parallèlement, toujours pour partager les œuvres du répertoire avec le public le plus large, ils créent en 2017 È Così ! d’après Così fan tutte de Mozart, puis L’affaire Clemenza en 2021 d’après La Clémence de Titus. Affranchies des codes historiques et portées par de jeunes professionnels, ces adaptations rejouent au présent le questionnement des protagonistes, effaçant la distance entre la personne et le
personnage.
Son travail de compositeur porte naturellement la trace de cette complexité, incluant des pièces originales « classiques » et des transcriptions, jusqu’à des œuvres très vastes pour des lieux inattendus. Il écrit actuellement deux partitions d’envergure en parallèle : un concerto pour la violoncelliste S. Wieder-Atherton, et une fresque sur les Hymnes et leurs sources, destinée au chœur des Collèges du département des Hauts de Seine, avec Insula Orchestra/ direction L. Equilbey.