Edition 2024
L’on avait été ébahi par l’anniversaire des 50 ans du Festival l’été dernier, fêté dignement – comme il se devait – en un historique feu d’artifice artistique qui retraçait un demi-siècle de musique au sommet…
L’on avait été sidéré par l’engouement massif suscité par un évènement remarquable, distinct, unique, implanté sur la commune de Bourg Saint Maurice depuis cinq décennies mais dont le rayonnement international n’était depuis longtemps plus à démontrer…
L’on tremblait un peu, il faut bien l’avouer, de devoir lutter contre la finale de la coupe d’Europe de football et la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques…
Et l’on se demandait en aparté comment diantre inventer une édition qui pourrait être à la hauteur des attentes engendrées par le succès de la précédente, et ne pas laisser retomber le soufflé qu’on avait mis
tant d’années à peaufiner…
Que nenni ! 2024 aura transformé l’essai, et de quelle manière !
Grâce tout d’abord à notre thématique, consacrée cette année à une exceptionnelle pédagogue aux mille élèves : Nadia Boulanger. Elle nous aura permis non seulement de découvrir son oeuvre et celle de sa soeur Lili, mais aussi d’explorer des esthétiques aussi variées que celles de Leonard Bernstein, Philip Glass, Jean Françaix, Michel Legrand ou Stravinski, son grand ami… Afin d’élargir l’horizon des répertoires proposés par le Festival, une soirée tango fut organisée autour de l’un des plus illustres disciples de Mademoiselle, comme on la surnommait : Astor Piazzolla. Elle rencontra le succès qu’on imagine, tout agrémentée qu’elle était de thèmes célébrissimes de son compatriote Carlos Gardel. Autre moment fort de cette quinzaine décidément hors norme, la soirée jazz qui se joua elle aussi à guichet fermé ! (si tant est qu’on trouve des guichets au Festival des Arcs, tous les concerts étant gratuits depuis sa création !). George Gershwin ou Quincy Jones, deux génies dont les chemins croisèrent celui de la grande dame furent à l’honneur. Comment ne pas mentionner la carte blanche à Benjamin Millepied, chorégraphe et danseur qu’on ne présente plus, qui vit la création mondiale de deux chorégraphies interprétées par des danseurs de l’Opéra de Paris… Superbe également cette merveilleuse soirée consacrée à Fauré, Maître et ami de Nadia Boulanger, dont on célébrait le 100ème anniversaire de sa disparition.
Essai transformé grâce aussi à la présence de notre compositeur en résidence, Raphaël Merlin, artiste protéiforme s’il en est, violoncelliste pendant près de vingt ans du célèbre quatuor Ebène, pianiste, improvisateur hors pair, jazzman, et chef d’orchestre en plein essor ! Avec deux créations mondiales, un concert d’ouverture où on le vit à la baguette à la tête de l’orchestre de chambre de Genève, l’interprétation d’une dizaine de ses œuvres, des concerts où il alternait violoncelle, piano et retrouvailles au côté de ses amis du quatuor Strada, le public des Arcs aura découvert dans cet ancien stagiaire de l’Académie un artiste passionnant et attachant, et un créateur promis à un futur radieux.
Grâce encore à la présence de Sylvain Tesson en parfait récitant dePierre et le Loup, à la journée consacrée au répertoire romantique français avec le soutien du Palazzetto Bru Zane, à la journée Bach,
aux concerts en plein air, ou à ceux consacrés au jeune public, à la dizaine de concerts hors-les-murs organisés en partenariat avec la communauté de communes de Haute Tarentaise, aux projections
de trois longs métrages au cinéma le coeur d’or en partenariat avec les Arcs Film Festival, aux conférences, aux ateliers, à nos diverses cartes blanches…Autant de temps forts qui auront contribué à cette exceptionnelle édition.
Edition dont la réussite n’aurait jamais été si éclatante sans la présence de nos 150 stagiaires venus participer à une Académie revigorée après une période post covid délicate. Venus du monde
entier se perfectionner auprès des meilleurs pédagogues, 150 stagiaires s’en donnèrent à cœur joie, et ne virent pas passer le temps : cours particuliers, master-classes publiques, concerts en plein air, concours en tout genre, ateliers divers et variés, concerts de musique de chambre, auditions de classes…
Alors, merci ! Merci à tous nos partenaires de nous soutenir si fidèlement depuis un demi-siècle et de nous donner les moyens de nos nouvelles ambitions. Merci aux 70 artistes, aux 50 bénévoles, aux
équipes administratives et logistiques et à tous ceux qui permettent à cet évènement merveilleux d’exister, de grandir, de mûrir.
Difficile de coucher sur le papier la somme de toutes ces émotions ressenties et partagées tout au long de notre – de votre ! Académie-Festival. Nous tenterons toutefois au cours de ces quelques pages de
vous en dresser un résumé succinct et nous vous présenterons pleins d’ambition et d’enthousiasme les grandes lignes de la 52ème édition que nous sommes déjà en train d’inventer.
Eric Crambes — Directeur artistique de l’Académie-Festival des Arcs